Burin

Le burin fait partie des principaux instruments utilisés en taille-douce pour réaliser des gravures à la ligne. Ce terme sert à désigner aussi la plaque gravée au burin mais aussi les impressions qui en sont tirées.



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Définitions :

  • Outil en acier, taillé en biseau, avec lequel l'artiste creuse un sillon sans barbes (net). A l'inverse de la pointe-sèche (source : wilfridmarty.free)
Burins de graveur.

Le burin fait partie des principaux instruments utilisés en taille-douce pour réaliser des gravures à la ligne. Ce terme sert à désigner aussi la plaque gravée au burin mais aussi les impressions qui en sont tirées. «Le mode d'impression propre à cette technique s'appelle impression en taille-douce, cette dernière n'étant pas seulement celle de la gravure au burin, mais s'appliquant à la totalité de l'impression de la gravure en creux. Notons cependant que pour certains puristes, qui veulent en conserver le premier sens, la taille-douce est seulement la gravure au burin» [1]. Au XIXe siècle, le burin sert aussi dans la gravure sur bois de bout.

Définition

En gravure, le burin consiste en une tige carrée, rectangulaire ou en losange, en acier trempé, insérée au rouge dans un manche en bois de buis qu'on appelle champignon. «Quel que soit le modèle, le champignon est sectionné de telle sorte que la lame du burin fasse un angle particulièrement faible, d'environ 5°, avec la surface de la plaque quand le burin est posé sur le méplat du champignon»[1]. L'extrémité est sectionnée obliquement et la pointe soigneusement affûtée est en mesure de creuser un sillon dans une plaque de métal ou de bois.

Le sillon se nomme une taille et sa principale caractéristique est d'être nette et sans rebord, soit particulièrement fine, soit particulièrement profonde.

Le burin est par conséquent une composante de la chalcographie [2].

Historique

Il semble que les outils de la gravure au burin soit ceux que les orfèvres utilisaient. Au XIesiècle, le moine Théophile les mentionnait déjà [3].

Vasari en 1550 confirmera le lien entre orfèvre et graveur au burin [4]. «Les spécialistes inclinent à penser que la taille-douce serait née vers 1430, dans le nord de l'Europe, entre l'Allemagne et les Pays-Bas»[1]. La gravure sur cuivre soufre d'un handicap comparé à la gravure sur bois : cette dernière pouvait être imprimée en même temps que le texte à condition que le bois et les caractères respectent le pied de Roy (c'est-à-dire 23 cm de hauteur). Or, la gravure sur cuivre nécessitait deux opérations et deux presses.

Le premier livre illustré de gravures au burin est imprimé à Bruges en 1476. En 1477, un ouvrage est édité avec des gravures sur cuivre de Bettini à Florence.

De Dürer à Mohlitz, les graveurs donneront au burin ses lettres de noblesse et leur art sera qualifié de «beau métier».

Icône de détail Article détaillé : Gravure.

Exécution

Plus que toute autre technique de gravure, le burin nécessite espace et lumière :

Les outils utilisés sont l'ébarboir [5], le brunissoir, la loupe et l'ou les burins.

L'ébarboir doit être correctement affûté pour qu'il n'y ait aucune trace sur la plaque au moment où le graveur enlève les barbes laissées par la taille. Le passage du brunissoir nécessite huile ou salive afin d'écraser ou de refermer correctement les tailles.

Les burins les plus utilisés sont les carrés ; ceux à lames en losange permettent des tailles plus étroites et plus profondes et ne servent que pour les traits droits car ils tournent mal. La grosseur des lames est indiquée par un numéro ; il en existe une douzaine. Le graveur a aussi à sa disposition des échoppes, reconnaissables au fait que l'une des sections est plate. On trouve des échoppes à ventre rond, ou triangulaire, à section ovale (appelées «onglettes»), à section creuse (ou «langue de chat»), et des échoppes rayées (appelées «vélo»).

On peut graver au burin sur différents métaux : le zinc sera choisi pour sa mollesse, l'acier pour sa dureté, le cuivre rouge réunit l'ensemble des qualités : fermeté, souplesse, précision, résistance et bonne réaction à l'encrage. On dit que «le cuivre est particulièrement amoureux de l'encre».

Jadis, le buriniste établissait un tracé préparatoire soit avec un papier gélatine transparent[6], soit grâce à l'eau-forte des graveurs. [7].

La gravure s'effectuait en plusieurs étapes : dans un premier temps les lignes principales avec accentuation des tracés opposés à la lumière et ensuite la mise en place des valeurs. C'est ce qu'on nomme, depuis le XVIIe siècle, le «beau métier», la «belle taille» ou le «burin rangé». Des familles de graveurs comme les Drevet, les Tardieu, les Cochin, ont porté cette technique à son summum.

Dans ce contexte, les tailles devaient rester parallèles : les noirs étaient obtenus par engraissement du trait [8], ou par contre-tailles (croisement de traits). Les petits traits et les pointillés permettaient d'obtenir des demi-teintes. Enfin, le copeau dégagé par le burin devait être proportionnel à la grosseur de la lame.

Corriger n'est pas une mince affaire : si la taille est fine le graveur se contente du brunissoir. En cas de trait plus profond, le travail doit être mené avec un ébarboir. Dans le cas d'une taille trop importante, il faut utiliser le compas courbe et le marteau. Le compas courbe ou compas de correction est «comprenant deux branches recourbées à leurs bouts et qui peuvent être allongées ; les deux becs sont fréquemment taillés différemment, l'un en biseau qui vient s'appuyer sur l'endroit à corriger, l'autre en pointe pour piquer au dos de la plaque l'endroit correspondant à repousser» [1]. La plaque posée sur le «tas d'acier» (petite enclume) sera tamponnée avec le marteau à repousser.

Impression

Avant l'encrage de la plaque, il est indispensable d'humidifier le papier : ce dernier doit être suffisamment souple pour pénétrer dans les traits les plus fins.

L'encre, naturellement consistante, est préparée sur le marbre d'encrage avec quelques gouttes d'huile. La plaque est un peu chauffée et l'encrage se fait au tampon : ainsi, on fait pénétrer l'encre dans chaque taille. L'essuyage est la partie délicate : les blancs doivent être impeccables et les contrastes nets. Tout d'abord, une boule de «tarlatane» permet d'enlever le plus gros de l'encre superflue : la structure du tissu évite de pénétrer dans les tailles. En même temps le mouvement du centre vers les bords permet «d'égaliser la charge d'encre»[1]. L'opération se répète avec deux autres boules de tarlatane.

À ce stade, il reste toujours des traces d'encre. Pour affiner le travail d'essuyage, on prend des feuilles de bottin qu'on passe délicatement avec la paume à la surface de la plaque. On termine cet essuyage avec la paume de la main un peu frottée dans du blanc d'Espagne (ou de la poudre de craie)  ; «c'est le paumage qui réclame une certaine habitude ; on doit sentir, en effet, par une sensation de la peau, que la paume accroche bien le métal» [1]. Pour compléter l'opération on essuie les tranches au chiffon propre afin d'avoir un pourtour (ou cuvette) impeccable.

On obtient ainsi une épreuve dite nature, «c'est-à-dire dont les noirs et les blancs correspondent précisément aux tailles ainsi qu'aux absences de taille de la plaque» [1]. L'épreuve est dite retroussée quand en fin d'opération on passe un chiffon de gaze ; «passé particulièrement un peu ce passage de chiffon de gaze fait remonter l'encre des tailles et la fait un peu déborder, afin qu'elle rende le trait plus velouté ; qui plus est , ils n'essuient pas forcément leur cuivre jusqu'au blanc, ce dernier conservant un léger voile auquel ils attribuent un certain charme. » [1]

Il ne reste plus qu'à déposer la plaque sur la presse. «Sous la pression, la plaque s'enfonce dans le papier tendre, formant par ce foulage, une cuvette caractéristique de l'ensemble des impressions en taille-douce. Les traits, quand on soulève le papier avec précaution, sont nets et précis ; ils ressortent un peu en relief, principaux étant sensibles au passage du doigt»[1].

L'épreuve devra sécher une douzaine d'heures, protégée par un papier serpente ou papier de soie.

Bibliographie

Notes

  1. abcdefghij André Béguin, Dictionnaire technique de l'estampe, Bruxelles, 1977.
  2. Du grec ancien khalkos (cuivre) et graphein (écrire)  : ce terme, par extension, a désigné la gravure sur métal et surtout la taille-douce. Il convient de ne pas le confondre avec la chalcotypie, qui sert à désigner la gravure en relief sur cuivre.
  3. Diversarum artium schedula
  4. Le Vite
  5. «appelé aussi racloir ou grattoir [l'ébarboir] est une lame de section triangulaire et pointue» André Béguin
  6. «ce dernier posé sur un dessin, le côté gélatine vers le dessinateur, le tracé était suivi à la pointe arrondie (pointe d'ivoire, d'os ou d'agate)  ; puis de la poudre de sanguine était versée dans les creux laissés par la pointe, le reste de la feuille étant essuyé. On retournait ensuite la feuille contre le métal et on frottait le dos pour que le trait de sanguine se dépose sur la plaque» André Béguin
  7. Il s'agit ici de morsures particulièrement légères qui seront reprises à l'outil et qu'il convient de ne pas confondre avec le travail de l'aquafortiste.
  8. On parle alors de «gravure claire», dont l'auteur le plus représentatif est Claude Mellan.

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