Ligature

Une ligature est la fusion de deux graphèmes d'une écriture pour n'en former qu'un seul nouveau, reconnu ou non comme un caractère per se.



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Page(s) en rapport avec ce sujet :

  • Ligatures : En typographie, une ligature est la fusion de deux caractères... d'un mot ou d'un groupe de mots, représentés alors par une lettre ou un groupe... (source : blogs.univ-paris5)
  • La ligature est autorisé. Il faut avoir un certain nombre d'année pour la faire... Ma gynéco m'a fait une lettre pour le chirurgien et j'ai pris le temps de ... (source : e-sante)
Exemples de ligatures

Une ligature est la fusion de deux graphèmes d'une écriture pour n'en former qu'un seul nouveau, reconnu ou non comme un caractère per se (à part entière). La ligature peut donner naissance à un digramme. Dans une écriture bicamérale, un digramme lié se distinguera d'un digramme simple par la majusculisation : si les deux caractères doivent être en majuscule capitale et le reste en bas-de-casse, c'est bien une ligature. Sinon, c'est un digramme simple (par exemple : IJsselmeer en néerlandais mais Château en français).

La ligature est par conséquent un des procédés envisageables d'enrichissement du stock de graphèmes d'une langue.

Il existe deux types principaux de ligatures :

Les ligatures sont quelquefois anciennes et peuvent tenir à l'obligation du gain de place sur un matériau (pierre, marbre, papyrus, parchemin, etc. ) qui coûte cher. En Europe, les manuscrits médiévaux sont riches d'abréviations de natures diverses, parmi lesquelles de nombreuses ligatures. Il serait cependant faux de ne voir dans la ligature qu'une question d'économie : certaines sont purement esthétiques et ne font gagner aucune place.

Il existe d'autre part des caractères qui sont d'anciennes ligatures, esthétiques ou non, mais ne sont plus sentis comme tel :

Enfin, on appelle, improprement, ligatures le fait que les caractères d'une écriture s'adaptent selon leur place dans le mot. On préférera à ce terme celui de variante contextuelle, qui forme un article scindé. De même, en particulier dans les semi-syllabaires indiens, les consonnes se modifient selon qu'elles portent ou non une voyelle. Il semble plus pertinent de traiter ce sujet scindément, dans l'article lettre conjointe.

Alphabet latin
Ligatures esthétiques latines

N'étant pas obligatoires, elles sont en particulier utilisées dans la production de documents en premier lieu manuscrits (elles sont habituelles dans les manuscrits médiévaux, soit comme abréviations soit pour des raisons purement décoratives) puis imprimés, pour perfectionner la lisibilité d'un texte ou simplement l'agrémenter.

Dans le premier cas, en particulier en imprimerie, il s'agit de diminuer nombre de collisions inesthétiques entre certains caractères. Les plus courantes portent sur les lettres f et s long (variante contextuelle de s) suivis de i et l. Le point du i ou la hampe du l entrent en collision après le f ou le s long, à moins qu'on ne les espace. Du temps de l'imprimerie au plomb, les collisions entre ces caractères pouvaient d'ailleurs entraîner leur rupture (c'est pourquoi on les nomme aussi ligatures techniques). En allemand, l'utilisation des ligatures esthétique se doit de respecter des contraintes morphologiques : en effet, les germanophones n'utilisent les ligatures en f que si les deux lettres appartiennent au même radical du mot.

Des ligatures du type de ct ne sont pas liées à des problèmes de collision entre caractères : elles sont purement esthétiques et , sûrement, imitent la graphie manuscrite cursive.

De toutes ces ligatures, seule celle du s long suivi d'un s rond a acquis le statut de graphème : c'est le eszett (ß) allemand.

Enfin, dans les textes latins imprimés, on emploie volontiers, ce que ne faisaient pas les Romains de l'Antiquité, les ligatures œ et æ. Leur utilisation ressortit en particulier à la composition soignée.

La Fraktur allemande comprenait de nombreuses ligatures, en particulier dans sa variante manuscrite, tracées d'un seul mouvement, parmi lesquelles : ch, ck, st, ss / sz (tracées toutes deux ß et tz).

Alphabet arabe

Ligatures esthétiques arabes

L'alphabet arabe connaît des ligatures esthétiques. Celles-ci sont optionnelles et se rencontrent en particulier dans des compositions soignées. Ces ligatures ne doivent pas être confondues avec les variantes contextuelles ou la ligature linguistique lâm'alif, (voir plus bas) lesquelles sont toutes deux obligatoires. Voici ci-contre quelques ligatures envisageables. Rappelons que l'arabe s'écrit de droite à gauche ; dans le tableau, les ligatures concernent, dans l'ordre, les lettres lâm, mîm et nûn formant ligature avec un jîm. Pour des raisons de lisibilité, on a ajouté un mîm final, qui ne fait pas partie de la ligature.

Alphabet cyrillique

L'alphabet cyrillique a fait grand usage des ligatures. Ainsi, plusieurs voyelles se sont liées une mouillure précédente (notée ici і)  : ю (historiquement іоу), mais aussi les lettres désuètes ѥ (іе), ѩ (іѧ), ѭ (іѫ). Par contre, я n'est pas une ligature, quoique le cyrillique ancien ait disposé d'une ligature іа, introduite dans la version 5.1 d'Unicode (?). De même, il existe une ligature іѣ (Unicode ?), extrêmement rare. Enfin, le cyrillique ancien possédait toujours deux ligatures : ѿ (ѡт, abréviation pour ot) et ѹ (оу). Cette dernière est un calque du grec, qui notait –à l'instar du français– le son [u] par le digraphe ου. Le cyrillique n'ayant pas de son [y], le digraphe s'est soudé en ѹ, puis у surmontant un о, et enfin y. D'autres lettres utilisées dans les langues slaves sont d'anciennes ligatures : ы (ъі, à l'époque ь et ъ étaient quelquefois confondus), щ (шт), њ (нь), љ (ль). Il est à noter que les ligatures serbes љ et њ pourraient posséder trois casses, à l'instar de leurs équivalents en alphabet latin lj, Lj, LJ et nj, Nj, NJ. Néanmoins leur codage informatique ne possède que deux casses. D'autres ligatures ont été introduites pour noter les langues non-slaves de Russie : ҥ (нг), ? (тц).

Alphabet grec

L'alphabet grec possède un certains nombre de ligatures, lesquelles ne sont désormais plus utilisées ou rarement.

La première qu'on peut citer est un caractère comparable à l'esperluette mais bien moins habituel en grec imprimé que celle-là ne l'est dans l'alphabet latin. C'est une ligature ancienne (ce qui est contesté par certains grammatologues) et d'usage habituel dans les textes papyrologiques et médiévaux pour la conjonction de coordination καὶ kaì, «et», soit ϗ (en image, le caractère étant rarement inclus dans les polices : Image:Ligature_grecque_kai.png). La ligature est devenue un signe d'abréviation tout comme le & latin. La forme actuelle de l'abréviation remonte à sa variante hellénistique : au cours de siècles, elle en était venue à prendre des tracés particulièrement différents. Cette ligature n'est presque pas utilisée dans l'impression : elle ressortit en particulier aux usages informels et manuscrits.

Les autres ligatures, d'emploi habituel dans les textes médiévaux, sont le plus souvent sorties des usages au cours du XVIIIe siècle, période à laquelle cet alphabet a acquis sa forme quasi définitive.

Ligatures linguistiques

Bien différentes des premières, elles sont obligatoires et normalisées. De telles ligatures sont de deux natures différentes :

  • soit elles donnent naissance à un nouveau graphème et leur apparition n'est pas prévisible ;
  • soit elles sont reconnues comme une variante obligatoire, sont prévisibles mais ne donnent pas naissance à un nouveau graphème.

Œ
Icône de détail Article détaillé : Œ.

Le français (qui semble être l'unique langue à le faire) connaît une telle ligature, la lettre Œ / œ, dite «e dans l'o». Il n'est pas envisageable de la considérer comme la réunion esthétique des deux lettres œ car son utilisation dépend entièrement de l'étymologie du mot et ne peut être reconnue ni optionnelle ni systématique.

Il faut considérer scindément, pour des raisons historiques, deux types de mots contenant un œ :

  • les mots d'emprunt savants à orthographe étymologisante ;
  • les mots hérités anciens.

Dans les mots empruntés au latin

Il existe un assez grand nombre de mots empruntés essentiellement au latin et prenant un œ, qu'on ne peut prononcer que comme une voyelle unique, en l'occurrence /e/ (de blé ; cela entraîne par conséquent la prononciation /s/ de c). C'est bien un digramme, qu'on doit opposer à la rencontre de o et e dans un mot comme cœxistence. Voici quelques exemples de ces mots savants ou empruntés :

  • cœlacanthe /selakɑ̃t/ ;
  • œnologie /enɔlɔʒi/ ;
  • Œdipe /edip/ (rappelons que la ligature, en capitale, se trace Œ et non Œ, ou Œ, ce qui confirme son statut de graphème unique)  ;
  • fœtus /fetys/ (dans ce mot, c'est une erreur car le mot latin ancien est fētus ; la graphie avec œ est postérieure au IIe siècle et s'explique par hypercorrection : en effet, à cette époque, œ et ē se prononçaient comme une copie conforme), etc.

Dans une prononciation courante, certains mots sont prononcés avec /ø/ (de feu)  : c'est le cas pour œnologie et Œdipe. Reconnue fautive par certains, cette prononciation est alternativement proposée dans de nombreux dictionnaires. Elle est du reste particulièrement fréquente (œsophage est plus fréquemment entendu avec /ø/ que /e/).

Étymologiquement, ces mots remontent le plus fréquemment à la diphtongue latine œ, qui se prononçait /œ/ ou, plus certainement, /oj/. À partir du IIe siècle de notre ère, elle s'est monophtonguée en /e/, ce dont attestent des termes comme économie, fétide ou peine, qui proviennent du latin œconomia, fœtidus et pœna. Le maintien d'une graphie en œ prouve que les mots contenant la ligature sont des emprunts assez récents ; leur orthographe est par conséquent étymologisante. Pour l'anecdote, la diphtongue latine œ peut, c'est le cas dans œconomia, représenter la diphtongue grecque οι / oi dans des emprunts au grec : οἰκονομία / oikonomía.

La notation au moyen du digramme lié œ est ancienne : les typographes français, citant des mots latins, ont respecté l'orthographe de l'époque, qui prévoyait la ligature. Du reste, les mots n'étaient pas nécessairement sentis comme français. Aux premiers temps, œ n'était par conséquent pas une lettre française.

Dans les mots hérités

Les mots qu'on dit hérités sont ceux qui forment le fonds lexical proprement français provenant d'un état antérieur de la langue.

Il existait en moyen français nombre de mots se prononçant avec un /ø/ (dans feu). La notation de ce phonème était flottante depuis l'époque médiévale : eu, œ, œu ou ue (euvre, œvre, œuvre, uevre pour l'actuel œuvre). L'une des graphies retenues, et normalisée plus tard par l'Académie française, a consisté à se servir de œu, rédigé quelquefois avec la ligature à l'imitation de la diphtongue latine œ. On trouve ainsi pour le même mot œuvre, au XVIe siècle (la distinction entre u et v n'était pas toujours faite, les lettres étant senties comme des variantes contextuelles :

  • œuure chez Étienne Dolet dans La maniere de bien traduire d'une langue en aultre : d'aduantage de la punctuation de la langue Francoyse, plus des accents d'ycelle de 1540 ;
  • œuvre chez Thomas Sébillet dans son Art pöétique François pour l'instruction dés ieunes studieus, & et encor peu avancéz en la Pöésie Françoise de 1548 ;
  • mais… euuvres chez Louise Labé dans l'édition de ses œuvres de 1556 (remarquons tout de même que la typographie de cette édition laisse à désirer par un certain manque de cohérence ; on en voit d'autres exemples dans Cédille).

La graphie ne se fixe sur œu avec la ligature (et œi pour le mot œil) qu'au XVIIe siècle. Les mots concernés proviennent de mots latins qui contenaient un o (sororsœur, opusœuvre, oculusœil, bosbœuf, etc. ). Pourtant, des mots comme peuple (latin populus) ou meuble (latin mobilis) n'ont pas été concernés et sont restés sur eu. On avance fréquemment comme argument justifiant le maintien de cette ligature dans l'orthographe la volonté de garder la proximité entre mots issus d'un même radical latin : ainsi, le œ de sœur rappelle le o de sororal, celui d'œuvre le ou d'ouvrier, ouvrage, ouvrable, alors que bœuf reste lié à bouvier, cœur à cordial, mœurs à moral, vœu à vouer, œuf à ovaire, ove, oval, etc. L'argument est spécieux en ce sens qu'on devrait dans ce cas écrire pœuple car populaire ou encore mœuble car mobilier, sœul car solitude, etc. On le voit : l'utilisation de ce digramme est arbitraire et ne se justifie pas.

On avance aussi que la notation du phonème /œ/ au moyen de la ligature a permis d'éviter nombre d'homonymies habituelles depuis le Moyen Âge jusqu'au XVIIe siècle : eu pouvait en effet se lire /y/ ou /œ/, comme dans seur, dont on distingue désormais sœur de sûr  (pour le passage de eu à û, consulter Accent circonflexe en français). C'est toujours une fois, du moins aujourd'hui, un argument spécieux : les mots dans lesquels eu devait se lire /y/ ont tous, à l'exception des formes en eu du verbe avoir (participe passé eu (e) (s) et passé simple eus, eut, eûmes, eûtes, eurent) été réécrits en û ou u au XVIIIe siècle (ainsi veuvu, seursûr, etc. ).

En conclusion, vu que œu et eu notent le même phonème et que la distinction entre les deux graphies est tout artificielle, il convient de reconnaître que tous deux sont des digrammes (ou des trigrammes si on compte deux caractères pour œ), c'est-à-dire des groupes de deux lettres permettant de noter un unique phonème. On ne peut par conséquent pas écrire œu à la place d'œu dans les mots qui réclament la ligature car œ n'est pas un digramme mais une suite de voyelles et on ne peut jamais substituer œ à œ. Les deux graphies n'ont par conséquent aucun rapport et doivent être différenciées.

Autres cas

Dans de rares mots d'emprunt à l'allemand, œ français représente un ö (o umlaut). On prononce comme en allemand : lœss /løs/, rœsti /ʁøʃti/ ou /ʁøsti/ (rösti est aussi attesté). L'utilisation de la ligature ne se justifie pas : en effet, si le o umlaut allemand remonte bien à œ et s'il est quelquefois toujours rédigé ainsi, il n'est , dans les pays germanophones, jamais lié au e. D'ailleurs, un mot comme fœhn /føn/, emprunté à l'allemand, n'est pas proposé sous la graphie *fœhn par le Petit Robert (édition électronique de 2001), lequel rédigé néenmoins bien lœss et rœsti. Il y a là un manque de cohérence patent.

Œ n'est pas Œ

Par opposition à ces mots en œ, il en existe d'autres dans lesquels o et e se suivent naturellement et sont prononcés différemment : cœxistence /koɛgzistɑ̃s/, mœlleux /mwelø/, cœrcitif /koɛʁsitif/, etc.

En conclusion, il n'est pas envisageable d'affirmer que le digramme lié œ n'est pas un graphème unique car son emploi n'est pas prévisible. Pourtant, il n'a pas de place spécifique dans le classement alphabétique : on le confond avec les mots en œ, à la manière des autres digrammes (ch, ge, gn, etc. ).

  • À part dans de rares documents, les Romains n'ont pas utilisé la ligature œ pour noter leur diphtongue (on trouve quelques ligatures Œ en fin de ligne dans la quadrata). L'usage d'une ligature s'est développé, en premier lieu sporadiquement, dans des textes médiévaux puis, plus fréquemment, dans des éditions postérieures de textes latins, sous l'influence de la prononciation monophtonguée ; en sorte, la ligature œ est déjà fréquente dans les éditions imprimées de textes latins ou pour les mots sentis comme latins avant qu'elle ne soit utilisée dans certains mots français pour noter /œ/ et non /e/ (c'est d'ailleurs spécifiquement visible au XVIe siècle)  ;
  • en API, le symbole /œ/ note la voyelle mi-ouverte labialisée de peur. Il existe une petite capitale, /ɶ/, représentant une voyelle ouverte labialisée qui s'entend en allemand d'Autriche dans un mot comme Seil, «corde», prononcé /sɶː/ (d'après le Handbook of the IPA, Cambridge University Press).
  • la pseudo-ligature, quelquefois vue sur des enseignes, entre un O d'origine majuscule suivi d'un e minuscule (comme dans Maître d'Œuvre) est typographiquement fantaisiste et fautive[1].

Æ

Autre ligature célèbre, Æ / æ se rencontre essentiellement en islandais, danois et norvégien. C'est un graphème unique, qui, en islandais, représente une diphtongue : /ai/ (bref ou long). En danois et norvégien, c'est une voyelle simple, respectivement /ɛ/ ou /e/ (bref ou long) et /æ/ (bref ou long). Dans ces trois langues, elle est classée scindément, comme lettre individuelle dans l'ordre alphabétique, suite à þ en islandais, de y en danois et norvégien. C'est un emprunt à une ligature en premier lieu apparue en vieil anglais au VIIIe siècle pour noter le son /æ/ de cat (entre /a/ et /ɛ/)  : les scribes anglais, en effet, ne pouvaient pas, avec les seules lettres latines, écrire ce son absent du latin. Cette ligature, qu'on a appelée ash selon le nom de la rune servant au même phonème, a par conséquent permis d'accroître le stock de graphèmes.

En français, quelques rares mots savants (ou expressions latines lexicalisées se servent de æ, prononcé /e/ (comme œ, du reste)  :

  • cæcum /sekɔm/ ;
  • (ad vitam) æternam /etɛʁnam/ ;
  • (curriculum) vitæ /vite/ ;
  • ex æquo /ɛgzeko/ ;
  • et cætera /ɛt setera/ (c'est une graphie concurrente d'et cetera, issue, comme fœtus, d'une hypercorrection), etc.
  • Le prénom Lætitia, d'origine latine.

Dans ces mots, la ligature représente étymologiquement l'ancienne diphtongue latine æ, prononcée /æ/ ou /ai/, qui s'est monophtonguée en /e/ au IIe siècle de notre ère. Le développement est le même que pour œ : de nombreux mots français utilisent é à l'endroit où on trouvait æ en latin : sévir (sævire) , cécité (cæcitatem) , pénitence (pænitentiam) . Uniquement, les emprunts savants avec æ sont plus rares. Comme pour œ, toujours, æ latin peut provenir d'une ancienne diphtongue αι / ai grecque dans des mots d'emprunt à cette langue : παιδαγωγία / paidagôgíapædagogiapédagogie.

Bien que assez rare, la ligature æ peut ne pas être confondue avec la suite de lettres æ, présente dans des mots comme pælla. Il convient par conséquent, dans une composition typographique soignée, de bien différencier les deux. Elle n'a cependant pas de place spécifique dans l'ordre alphabétique : on la classe en même temps que les mots en æ, à la manière des autres digrammes (ch, ge, gn, etc. ). On voit par conséquent quoique cette ligature n'est par conséquent pas réellement linguistique en français. Elle est presque purement esthétique et s'utilise en particulier dans les textes latins tels que présentés aujourd'hui.

Elle devrait être évitée pour les pluriels du type supernova / supernovæ : en effet, ce terme est lexicalisé depuis assez longtemps pour qu'on se passe d'un pluriel latin. De fait, supernovas est énormément plus cohérent.

Notes :

  • À part dans de rares documents, les Romains n'ont pas utilisé la ligature æ pour noter leur diphtongue (elle apparaît cependant légèrement plus fréquemment que Œ dans la quadrata en fin de ligne). Cet usage s'est en particulier développé, en premier lieu sporadiquement, dans des textes médiévaux puis, plus fréquemment, dans des éditions postérieures de textes latins, sous l'influence de la prononciation monophtonguée. Comme æ n'a servi, pour le français, que dans quelques rares mots empruntés au latin, son introduction dans l'orthographe française est antérieure à celle du œ français de bœuf ;
  • en API, le symbole [æ] note la voyelle de l'anglais cat.

Consulter aussi Æ.

IJ

C'est en néerlandais que IJ / ij forme une ligature au statut de graphème, qui permet de noter la diphtongue /ɛi/ (ou /ə/ en position atone). À la différence du digramme ei de même valeur phonétique aujourd'hui (ce qui n'a pas été toujours le cas), ij est bien une ligature, ce qu'on peut constater par les règles de majusculisation : il convient en effet d'écrire IJsselmeer et non *Ijsselmeer, tandis qu'on ne mettra en majuscule que la première lettre de ei, «œuf» : Ei. Le ij note à l'origine, en moyen néerlandais (dès avant le XIIIe siècle), un i long. La lettre j étant à l'époque une variante du i, on considère généralement le ij comme un double i.

C'est par conséquent à l'origine un digramme qui prend plus tard le statut de ligature. Rédigée à la main de manière cursive, celle-ci prend la forme d'un ÿ. En afrikaans, l'évolution graphique s'est poursuivie et on rédigé simplement y (mais dans aucun des cas on n'utilisera la lettre ÿ à la place de ij dans un texte dactylographié ou imprimé). D'un digramme, on est par conséquent passé par l'intermédiaire de la ligature à une lettre simple se confondant avec la lettre y déjà présente. On peut comparer cette évolution avec celle du digramme uu (voir plus bas).

En lituanien moderne, le i long est noté par la lettre y, provenant aussi d'une ligature ij.

Consulter aussi IJ.

W

Quoiqu'aujourd'hui ce graphème soit une lettre simple, c'est bien, historiquement, une ancienne ligature, d'où son nom, «double v». La réunion de deux v (ou de deux u dans la mesure où il faut attendre le XVIe siècle pour qu'on commence à distinguer v et u, la première étant normalement une capitale, la seconde une minuscule) semble être une invention des scribes médiévaux anglais, lesquels n'avaient pas de graphème pour noter le /w/ de leur langue (le vieil anglais, en l'occurrence). En effet, u servait déjà à la voyelle /u/ (on remarque que les Romains n'ont pas eu ces scrupules puisque /u/ et /w/ s'écrivaient dans leur langue au moyen de la même lettre, V).

Pour pallier cette lacune, les scribes anglais se sont en premier lieu servis, au VIIe siècle, d'un digramme uu (voire de u seul). Cependant, au VIIIe siècle, c'est la lettre ƿ (wynn, wyn ou wen ; elle est issue de la rune ?, de même valeur phonétique) qui s'est vu consacrée. Au XIe siècle, les scribes normands (après les victoires de Guillaume le Conquérant) ont réintroduit le digramme uu sous une forme ligaturée : la lettre w était née (w se dit, en anglais, double u). La ligature viendrait par conséquent d'Europe continentale. On la trouve en effet au Moyen Âge dans les manuscrits picards-wallons (en wallon aussi la lettre est appelée doubludouble u).

La lettre ƿ, plus fréquente en vieil anglais que w, n'a cependant cessé d'être employée en moyen anglais qu'au XIVe siècle, définitivement remplacée par w. Aujourd'hui, on utilise même w à la place de ƿ dans la.

Ligatures non graphémiques

L'exemple le plus probant de ce type de ligature se rencontre dans l'alphabet arabe. Outre ses nombreuses variantes contextuelles, il connaît en effet une ligature linguistique, par conséquent obligatoire, qui ne conduit pas à la création d'une nouvelle lettre. Il s'agit de la ligature lâm'alif : lorsque la lettre lâm est suivi d'un 'alif, la totalité doit obligatoirement s'écrire avec la ligature et non les variantes contextuelles attendues. Pourtant, cette ligature ne forme pas une lettre. Dans le tableau ci-dessous, la seconde ligne montre un exemple de tracé incorrect au moyen de la variante contextuelle. Seul le premier tracé est admis (rappelons que l'arabe se lit de droite à gauche, soit respectivement : lâm + 'alifrésultat)  :

image:Ligature_arabe_lam_alif.png

D'autres ligatures existaient, ou existent toujours dans des compositions typographiques soignées. Elles ne sont cependant pas obligatoires mais uniquement esthétiques (voir plus haut).

Informatique

Les ordinateurs propres aux utilisateurs francophones ne possèdent qu'une seule ligature accessible au clavier, l'esperluette. Les ligatures linguistiques sont accessibles comme caractères spéciaux. Seuls les Mac proposent les ligatures en et dans le codage Mac Roman.

En HTML, les ligatures les plus courantes s'obtiennent comme suit :

  • œ → œ ;
  • &Œlig; → Œ ;
  • æ → æ ;
  • Æ → Æ ;
  • ß → ß ;
  • fi → fi ;
  • & → &.

Notes et références

  1. Yannis Haralambous, Unicode et typographie : un amour impossible

Liens externes

Recherche sur Amazone (livres) :




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